Magazine Classica,
septembre 2015
par Stéphane Friédérich
Inclassable
Déroutante, voire sidérante, la version d’Evgeny Svetlanov demeure inclassable. Dès les premières mesures, la sensation de menace, de l’irrémédiable glace. La dureté de l’orchestre – le live est excellent – affirme avec une puissance sans limites la pulsation de l’écriture. La dimension hystérique de la partition se révèle comme nulle part ailleurs. « Nous alternons entre les tensions les plus électrisantes et l’abandon le plus fatal » (PV) dans « un déferlement de violence porté par une trompette solo concertante » (PD). Nous assistons à un combat titanesque dans lequel l’orchestre semble jouer son existence (SF). Une urgence vitale, irrépressible. Les deux derniers crescendos, séparés par un immense silence, et la puissance des accords ultimes qui ne sembles jamais finir « se déploient comme un geste devant un horizon infini » (PV). Oui, vraiment, voici l’un des grands concerts de l’Histoire du disque.
Vous pouvez réécouter « Le Poème de l’Extase » dirigé par Evgeny Svetlanov en 1968 à Londres sur la page d’accueil du site.