Neeme Järvi est le Président du Jury du 5e Concours International de Chefs d’orchestre Evgeny Svetlanov 2022.
Chef d’orchestre estonien, élève d’un autre grand chef du 20e siècle Evgeny Mravinsky et du grand pédagogue Nikolaï Rabinovitch, a marqué l’histoire de direction d’orchestre.
Sa carrière a reçu un élan international hors pair après qu’il a gagné en 1971 le Premier Prix au Concours International de Chef d’orchestre de l’Académie Nationale Santa Cecilia à Rome.
Puis, il a enchainé la direction musicale de l’Orchestre Symphonique de Radio et de Télévision d’Estonie, de l’Opéra National d’Estonie, de Gothenburg Symphony, Orchestre Royal National d’Ecosse, Orchestre Symphonique de Detroit, Orchestre National Symphonique de l’Estonie, Orchestre de la Suisse Romande, Orchestre de la Résidence de la Haye…
Neeme Järvi est l’un des premiers chefs d’orchestre de renommée internationale qui ne s’est pas limité à un répertoire particulier. Il a ajouté quelque chose d’unique à tout ce qu’il a dirigé en apportant son propre style à la musique. Il est non seulement aussi convaincant dans Brahms que dans Tchaïkovski (il a enregistré les l’intégrale des symphonies des deux), mais c’est une sorte de passion pour maestro de donner aux compositeurs européens moins connus la visibilité qu’ils n’avaient pas dans les générations précédentes. Des compositeurs comme Kurt Atterberg, John Svendsen, les compositeurs estoniens Arvo Pärt et Eduard Tubin, Wilhelm Stenhammar et Alfred Schnittke ne représentent qu’une très courte liste de compositeurs que Neeme Järvi a non seulement portés à l’attention du public, mais s’est engagé à enregistrer – préservant ainsi leur musique pour les générations futures.
Malgré sa maîtrise de la musique du XXe siècle, une grande partie de son intérêt en dehors des grands compositeurs se concentre sur les compositeurs moins connus de la fin de la période romantique, des compositeurs qui étaient contemporains de Scriabin, Dvorak et Bruckner. Au-delà de cela, il tient à interpréter et à enregistrer des œuvres moins connues de compositeurs extrêmement célèbres. La magnifique Troisième symphonie d’Aram Khatchatourian et les deux symphonies de Wagner ne sont que deux exemples de pièces négligées du répertoire classique par ailleurs bien connues que Neeme Järvi a enregistré.
Ses méthodes de répétition semblent également résolument modernes. Malheureusement, les jours de répétitions longues et rigoureuses, pour lesquels Mengelberg et Karajan étaient célèbres, deviennent une rareté alors qu’une éthique commerciale acharnée sévit dans la musique classique. Mais cette évolution n’a pas nui à maestro dont la méthode de répétition n’a jamais été aussi exhaustive que celle de nombreux chefs d’orchestre du passé.
Le son d’orchestral du maestro est basé sur un équilibre entre fluidité d’intonation et de timbre avec des tempi qui coulent facilement tout en restant globalement fidèles à la partition.
« Je regarde les phrasés — comment construire la musique à chaque instant et ne pas apprendre l’instrumentation particulière. La question de base dans ma musique est : comment faire la forme dans la musique ? » – a avoué Neeme Järvi dans l’interview à Bruce Diffie (Chicago).
Pour lui, le chef d’orchestre doit contribuer beaucoup à ce que sa prestation soit un spectacle et prendre plaisir de ce spectacle. Ainsi, le chef d’orchestre peut aimer ou ne pas aimer l’œuvre, mais le phrasé constitue bien la musique et le rôle du chef est d’expliquer ce qui dit le phrasé.
En revanche pour que l’oeuvre soit un chef-d’oeuvre, il faut que le chef d’orchestre croie que c’est un chef-d’oeuvre et le prouve lors de sa interprétation devant le public.
Un autre point que Maestro considère très important surtout pour les jeunes chefs d’orchestre est qu’ils doivent absolument avoir une technique gestuelle. « Si vous n’avez pas cette technique, vous ne pouvez pas expliquer la musique et vous ne faites pas de la musique. Vous êtes peut-être une personne très talentueuse, mais vous ne pouvez rien faire. Vous devez apprendre la technique. La technique est la première chose en musique pour tout le monde – pour un violoniste, pour un instrumentiste, pour un chef d’orchestre. » La maitrise de la technique donne aux chefs d’orchestre la liberté et la souplesse pour expliquer le sens qu’ils mettent dans la musique.
Être chef d’orchestre paraît simple, mais en réalité cela requiert un mélange très complexe de technique, de charisme et d’instinct.
Sources : France Musique, Interviews à Gramophone, à Bruce Diffie (Chicago), Classiquemaispashasbeen, Diapason, Meta Artists.